Miroir, mon beau miroir...

Un petit matin en bord de plage, à Montalivet, m’a offert la vision d’un ciel infini réfléchi par l’eau accumulée à la suite de l’orage. Le ciel avait-il peur d’être décoiffé ? Que cherchait-il dans l’image que lui renvoyait ce miroir éphémère ? 

La sorcière veut savoir si elle est toujours la plus belle. Elle attend du miroir un avis rassurant et redoute qu’il ne lui annonce l’avènement d’une plus belle. Et nous, quand nous sollicitons notre reflet, que cherchons-nous, qu’attendons-nous ?

Sommes-nous capables, comme la danseuse à la barre dans la salle d’études, de scruter dans notre reflet non la beauté que nous espérons, mais nos défauts, pas pour être dominés par une colère digne des pires sorcières, mais pour tenter de les corriger et de grandir en nous améliorant ? La danseuse n’est pas Narcisse, ou alors elle n’est pas un grande danseuse. L’égoïsme et la vanité de Narcisse interdissent, me semble-t-il, la performance durable, la beauté émouvante.

Un ami se demandait il y a quelques temps : « Qui suis-je ? ». En se le demandant devant moi… il me le demandait. Je me retrouvais donc dans la posture du miroir, sans savoir ce que mon ami attendait de son reflet. Lui devais-je la sincérité absolue ? Mon rôle était-il de lui apporter le soutien qu’il attendait peut-être ? Dans les faits, nous cherchons tous qui nous sommes dans les yeux des autres, avec la crainte d’y découvrir ce que nous redoutons d’être.

Il faut être capable d’accepter le reflet dans le miroir, sans filtre sur le selfie et sans fatalisme. C’est sans doute un chemin de vie. Mon deuxième roman, « Ce que les gens font » à paraître en mai, pose sur le devant de la scène deux personnages qui n’ont pas le même regard sur leur reflet. Peut être que leurs parcours sont un peu les nôtres ?

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